Conférence: l'émergence de la culture centrafricaine au cœur d'un débat

Jeudi 7 Avril 2022 - 11:54

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L’écrivain-chercheur Victor Bissengué a planché sur « La culture face aux défis du développement en Centrafrique ».

 Conférence-débat du 26 mars 2022 au 30 rue Lhomond 75005 Paris.À Paris, ils étaient nombreux à répondre à l’invitation du groupe de réflexion Lelab RCA, le 26 mars dernier. D’Idylle Mamba (artiste-chanteuse) à Boris Koyakonzikoli (écrivain) en passant par Bibi Tanga (comédien), Oumarou Magba (styliste-chanteur), Ida Mabaya (styliste) et Sylviane Gboulou (actrice-réalisatrice), tous avaient à cœur de plancher sur la manière de faire émerger la culture centrafricaine à l’aune des défis du développement.

Pour le principal orateur, Victor Bissengué, la République centrafricaine est confrontée à un défi de reconstruction. Pourtant, le pays de Barthélemy Boganda regorge de potentialités culturelles, à l’instar de la musique polyphonique et la chorégraphie sacrée des Aka, considérée par l’Unesco, le 7 novembre 2003, comme « Chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité », les trompes Broto Trogodé, la danse Léngué… « Les travaux collectifs et les entraides (le labour des champs, les récoltes, les constructions d’habitations, la chasse aux filets, etc.) emportent l’adhésion populaire ; de même que les centres d’artisanat, la poterie, la forge, qui exigent un savoir-faire transmis de génération en génération ; la maât, fondement de la pensée égyptienne qui remonte à 2350-2200 av. J.-C., subsistent encore aujourd’hui et se basent sur la justice, la vérité, l’ordre, la spiritualité ; les tatouages et les scarifications sont autant de signes extérieurs de reconnaissance des ethnies, tribus, clans, voire des hiérarchies sociales au sein de ces clans », a-t-il expliqué.

Cependant, dans l’imaginaire centrafricain, a-t-il poursuivi, les termes « culture, tradition, coutume » sont devenus suspects, parce qu'ils sont considérés comme des freins au système de développement imposé. De fait, il est important de solliciter de nouveaux paradigmes, une vision dynamique de développement économique. « L’élaboration d’un tel plan prend en compte l’aspect sécuritaire, l’aspect institutionnel, les valeurs intrinsèques », a-t-il jugé.

Parmi ses propositions, la mise en place des projets de développement qui touchent à l’agriculture, à la paysannerie, aux travaux publics, aux transports – sans les transports adéquats, il est impossible de faire voyager l’art. Et de préconiser « la mise en valeur par l’écotourisme des espaces classés au patrimoine mondial pour la richesse de leur biodiversité et la culture immatérielle des pygmées associée à la forêt – à l’instar du Trinational de la Sangha ». « Pour qu’ils soient durables, les processus de valorisation et la gestion des patrimoines culturels et naturels devraient, par exemple, veiller à mieux assurer la participation des communautés locales dans leur ensemble », a-t-il conclu.

Lelab-RCA est un think tank, groupe de réflexion dont le but est d’effectuer des études et des recherches scientifiques sur l’efficacité des politiques publiques, notamment celles visant la recherche du développement économique et social, de faire connaître le fruit de ces études à l’opinion publique via des conférences-débats, de proposer des mesures d’amélioration et de mener toutes les actions en vue de la mise en œuvre par les autorités publiques et privées des mesures proposées.

Victor Bissengué,  chercheur en anthropologie, en science de l’éducation et de la communication. Auteur de plusieurs études sur le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou et sur les populations pygmées. Rédacteur en presse écrite et numérique.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

La conférence-débat du 26 mars 2022 au 30 rue Lhomond 75005 Paris

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